Application des vertus martiales 05.12.2015
L’exposé sera bref car simple et évident. Cette simplicité et cette évidence n’excluent pas, bien au contraire, un rappel, en l’espèce : mettre en conformité ses convictions, ses paroles et ses actes.
Au chapitre des éléments constitutifs de la culture et de la philosophie des arts martiaux se trouvent les vertus martiales, mudok en coréen, wute en chinois. Ces grandes notions sont bien connues et à bien y réfléchir, elles ne sont pas spécifiques aux arts martiaux mais font partie à un tel point du vadémécum de la pensée martiale qu’il n’est pas possible, à un moment ou à un autre, de ne pas les évoquer.
Ces vertus, ce sont sans surprise le respect, la politesse, l’humilité, la patience, la droiture, la persévérance… et la liste est encore longue. Elles constituent ce qui serait les valeurs d’un homme ou d’une femme de bien, un peu à l’image de nos chevaliers de la table ronde ou des valeureux hwarang coréens.
Sans nécessairement prétendre à un tel niveau d’accomplissement moral et spirituel, chaque pratiquant d’arts martiaux se doit d’avoir à l’esprit ces valeurs qui déterminent une ligne de conduite honorable. Sans rentrer dans le détail, on peut raisonnablement estimer que détenir des compétences et des capacités en matière de combat au corps à corps suppose en effet d’observer une forme de code moral. Qui plus est, ça n’est jamais qu’un modèle assez proche de ce que devrait être le civisme et le savoir vivre parmi ses semblables.
Ainsi, reconnaissons qu’à l’entraînement dans le dojang, ces valeurs de respect ou encore de persévérance sont généralement suivies avec enthousiasme par les élèves, conscients de l’importance de ces notions.
Pourtant, on constate trop souvent qu’en-dehors du dojang ces valeurs s’évaporent ou qu’elles sont tout du moins sélectives. Telle école sera décriée, simplement parce qu’elle est autre alors que l’on a reconnu l’importance du respect de la différence en discutant avec son professeur; on oubliera un merci en fin de mail après que l’on ait obtenu les réponses souhaitées; l’ascenseur sera privilégié pour monter 2 étages ou la voiture pour faire 500 mètres alors qu’en séance on s’entraîne dur; on ne s’investit finalement dans rien alors qu’on proclame haut et fort sa passion…
A tout cela, la réponse est la pratique, comme toujours. Pratique physique effective à l’entraînement mais surtout mise en œuvre des principes affirmés par ailleurs : tenir la porte à la personne qui vous suit, remercier à chaque fois celui qui vous prête attention, prendre sur soi les menus efforts du quotidien pour rester agile…
Le conseil du jour est donc le suivant : ne perdez pas votre temps, votre énergie et votre argent à pratiquer les arts martiaux et à déclamer leurs valeurs si en contrepartie vous êtes incapable, dans le cours de votre existence, de mettre en pratique ce que vous prônez au dojang. Car au final, les coups de pied et de poing et toutes les techniques qui habillent les arts martiaux, toutes choses marquées d’une certaine futilité, ne prennent sens qu’au regard de l’application que l’on en fait au quotidien.
PS : si c'est une photo de Me Lee Eun Jong qui illustre cet article, c'est tout simplement parce que c'est un homme qui a toujours mis ses actes en conformité avec ses paroles, son attitude lors de son grave accident de santé en témoigne. Il restera, pour ceux qui ceux qui suivent son enseignement, un modèle de vertu martiale. Ne manquons jamais une occasion de lui témoigner notre reconnaissance.