La loi du silence 09.03.2013
Se taire, ne rien dire, la fermer... Voilà quelques principes qu'il conviendrait d'observer plus souvent à l'entraînement. Mais pour quelles raisons ?
Ne pas parler, c'est-à-dire ne pas verbaliser, offre à l'esprit plus de clarté. Les ordres contemplatifs chrétiens ou les moines bouddhistes zen (tchan en Chine, seon en Corée) font d'ailleurs du silence un outil de méditation pour une plus grande introspection, une meilleure perception de la pensée... ou d'absence de pensée ! A l'entraînement, ne pas parler c'est donc se concentrer sur la tâche à accomplir, éviter de parasiter la conscience du moment et aboutir au geste juste (voire à l'idée juste), au moment adéquat.
Se taire, c'est être plus attentif à son environnement et au(x) danger(s) qui sont intimement liés à la pratique martiale : coups, projections, clés articulaires, étranglements... La moindre de ces techniques peut infliger des blessures douloureuses voire handicapantes. Délaisser la parole le temps d'un combat ou d'un enchaînement, c'est assurer sa propre sécurité et celle de son partenaire. C'est aussi distinguer l'essentiel de l'accessoire. En l'occurrence, cerner ce qui est vital.
Ne rien dire, c'est couper le rythme souvent trépident de la vie - généralement - urbaine faite de transports en commun inconfortables et pas toujours civils, d'embouteillages bruyants et nerveusement usants, de coups de téléphone à répétition, de lectures compulsives de mails et de SMS, les yeux rivés continûment sur des écrans (TV, tablette, ordinateur, portable...) qui sollicitent en permanence l'attention. Sans compter les discussions professionnelles, les réunions, les engueulades... L'entraînement doit pouvoir être un moment de recueillement, d'évasion, le silence étant un sûr moyen de faire retomber pression et agitation nerveuse.
Se focaliser sur le mouvement physique pour freiner un bref instant le mouvement chaotique de l'esprit, sans doute un chemin pour davantage de sérénité. Le repos de l'âme ?
L'absence de parole, c'est parfois une marque de respect envers les autres, faire cas de leur propre besoin de quiétude. Ce silence permet d'échanger autrement, par le geste, l'intention, le regard, de faire travailler d'autres ressorts de notre cerveau. Evidemment il ne s'agit pas d'exclure la parole, simplement communications verbales et non verbales doivent s'équilibrer harmonieusement.
Beaucoup de mots pour ne pas en dire un seul !
Pour élargir un peu la réflexion sur le sujet de la communication, nous vous renvoyons à une de nos anciennes chroniques : Ce qui se conçoit bien...