Le dobok 09.03.2013
Découvrez ci-après un article de la nouvelle rubrique "Les mots des arts martiaux" publiée sur notre site culturel www.mudoculture.fr.
Dans les arts martiaux coréens, la tenue portée à l'entraînement est généralement appelée dobok, c'est-à-dire le "vêtement" (bok) de la "voie" (do). Elle se compose classiquement d'un pantalon (paji), d'une veste (sangi) et d'une ceinture (ti).
Au cours des années 1950, période à partir de laquelle les arts martiaux coréens modernes ont commencé à se développer et se structurer, les tenues étaient blanches pour la plupart des disciplines, elles s'inspiraient très fortement des uniformes des arts martiaux japonais (Karaté et Judo), disciplines imposées par l'occupant nippon pendant la période de la colonisation (1905-1945). Puis les styles et les écoles ont commencé à personnaliser leurs tenues et les couleurs ont fleuri...
C'est marqué dessus...
Une des spécificités des tenues d'arts martiaux coréennes, est l'inscription du nom de la discipline au dos de la veste, en lettre coréennes (hangeul) et latines, parfois même en caractères chinois (hanja). Cette mode a été lancée par les pratiquants de Taekwondo pour affirmer et afficher - littéralement - leur identité et se démarquer ainsi du Karaté avec lequel le Taekwondo ne voulait surtout pas être confondu. Les autres disciplines lui ont emboîté le pas.
En Taekwondo, le dobok s'est d'abord paré d'un liseré noir sur le pan inférieur de la veste (pour les ceintures noires) - ce qui est d'ailleurs resté le modèle porté en Taekwondo ITF -, puis dans les années 1980, le Taekwondo WTF a opté pour une veste de type chasuble avec un col noir.
Les pratiquants de Taekkyon revêtent quant à eux un chollik, inspiré des costumes des militaires et des fonctionnaires portés entre le Xe et le XIVe siècle. La couleur de la tenue varie en fonction des grades, allant du blanc jusqu'au noir, en passant par le bleu et le violet.
S'agissant du Hapkido, la variété des tenues est très éclectique... Le dobok blanc des origines s'est vu orner d'une bande noire tout le long du col ainsi que sur le bas du pantalon. C'est sans doute le dobok le plus fréquemment porté en Hapkido. Le noir est également une couleur très fréquente qui a été adoptée par de nombreuses écoles et arts martiaux coréens (Kuksulwon, Teukgongmusul...). Le Hapkimudo, comme d'autres courants, a pour sa part opté pour une approche mixte, mêlant la veste noire et le pantalon blanc. Moins courant, on peut rencontrer le gris, couleur des tenues des moines bouddhistes coréens. Mais une multitude de couleurs est possible comme le rouge, le jaune, le bleu... avec toutes les variantes souhaitées.
Il existe des vestes comportant de fines rayures, disposées comme un damier, elles sont normalement réservées aux professeurs, même si de plus en plus de pratiquants la portent sans être eux mêmes professeurs.
D'une manière générale les tenues de Hapkido sont relativement amples pour travailler avec aisance l'ensemble des techniques. Les pantalons sont de toile souple pour faciliter les coups de pied, les vestes un peu plus résistantes pour les saisies.
Une pointe de symbolisme
Une théorie voudrait que le dobok symbolise les 3 éléments de l'univers (samilshingo) :
- la veste représentée par un cercle, won, symboliserait le ciel;
- le pantalon, représenté par un carré, bang, symboliserait la terre;
- la ceinture, représentée par un triangle, kak, symboliserait l'homme.
Dans ce triptyque, l'homme serait l'interface entre le ciel et la terre, le tout ne formant au final qu'un. L'unité de la trinité... un symbole que l'on retrouve dans d'autres cultures.
Plus prosaïquement, le dobok est avant tout une tenue d'entraînement qui se doit évidemment d'être propre et repassée. Une tenue irréprochable représente une discipline, une école, un dojang et à travers se manifeste l'esprit et la rigueur de l'enseignement.
Il existe une manière particulière (en fait plusieurs) de plier le dobok qui permet de le transporter facilement tout en laissant apparaître le nom de la discipline.
Kimono et consorts
Le terme de kimono, souvent utilisé pour désigner la tenue des arts martiaux japonais est en réalité impropre. Les pratiquants utilisent en fait le mot gi avec le nom de leur discipline : judogi, karategi... Le terme générique keikogi, souvent rencontré en Aïkido, signifie vêtement (gi) d'entraînement (keiko). Le blanc prédomine dans les arts martiaux japonais, avec des tenues simples et épurées. La veste est généralement plus épaisse en Judo et en Aïkido en raison des saisies et des projections. Dans cette dernière discipline, les gradés portent un hakama, sorte de jupe culotte noire ou bleu marine.
Dans les arts martiaux vietnamiens on parlera de vophuc (bleu, marron ou noir) et parfois de chaifu pour les arts martiaux chinois (une kyrielle de tenues sont possibles : coton, soie et toutes sortes de couleur, ou pas de tenue spécifique du tout !).
Hanbok, le vêtement de la tradition
A l'occasion de certaines fêtes traditionnelles et de moments importants de l'existence (comme le mariage), certains Coréens, hommes et femmes, revêtent le hanbok, le vêtement (bok) coréen (han). Il s'agit généralement de costumes très colorés et ornés de motifs, à l'image des tenues qui étaient portées par les dignitaires à l'époque où la Corée était encore un royaume.
A côté de ces couleurs chatoyantes, jusqu'au XIXe siècle, voire jusqu'à la première moitié du XXe siècle, c'est le blanc qui prédominait parmi les classes populaires, cette couleur étant portée alors par une large partie de la population dans la vie quotidienne. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si la Corée était parfois surnommée le "peuple des hommes en blanc" (baegui minjok) .