Le salut 09.03.2013
Kyonglié en Corée, rei au Japon, jingli en Chine, le salut est au cœur de la pratique des arts martiaux.
Selon l'étymologie, saluer, c'est "honorer une personne d'une marque extérieure de respect".
Cette définition prend tout son sens dans les arts martiaux où le salut - caractérisé notamment par l'inclinaison du buste - est évidemment une expression de respect envers le partenaire, le professeur, le groupe et implique une nécessaire réciprocité. Ce n'est en aucun cas une forme de soumission mais la manière coréenne (chinoise, japonaise...) de manifester sa courtoisie et de saluer, à l'instar de la poignée de main ou du salut militaire.
Le salut est également un moment de recueillement et de concentration ainsi qu'une forme d'humilité et de remerciement avant et après le combat ou tout autre exercice. Entre partenaires d'entraînement, se saluer permet d'éviter de longs discours et signifie simplement : "merci d'avoir travaillé avec moi, désolé pour les coups que je t'ai portés", ce qui entretient un esprit fair-play entre les élèves, quelle que soit la dureté des combats.
Le salut se déroule en 2 temps :
- « tcharyeo » : garde à vous, talons joints, pointes de pieds légèrement écartées ;
- « kyonglié » : inclinaison du buste et de la tête en avant.
Dans notre école, le poing droit est appuyé de face dans la paume gauche, les doigts de la main gauche sont tendus. Les bras sont également tendus vers l'avant au moment de l'inclinaison du buste.
Le poing droit et la paume gauche représentent l'union de eum (yin) et de yang, les principes contraires et complémentaires qui régissent la nature :
- Le poing droit fermé est symbole de force et de combattivité, il est caractéristique d'une attaque ;
- La paume gauche ouverte est symbole de don et d'apaisement, elle est emblématique de la défense ;
- La paume gauche sur le poing droit est donc l'image de la force au service de la paix, de la force maîtrisée.
Entre élèves de même rang, lors de l'inclinaison du buste, le regard est porté très légèrement en direction du partenaire, un peu de vigilance, au cas où... Mais face à son professeur, la confiance peut être totale et le regard est alors porté vers le sol, on s'en remet à lui.
Le salut s'exécute :
- debout ou à genoux (dans notre école, le salut à genoux est généralement réservé aux experts de haut niveau, il a un caractère plus solennel) ;
- à chaque fois que l'on rentre ou sort du dojang ;
- en groupe au début et à la fin du cours face au professeur;
- au début et à la fin de chaque exercice entre partenaires d'entraînement.
L'inclinaison du buste, tout comme la poignée de mains, ne se fait pas à l'emporte pièce, hâtivement. Bien au contraire, au moment du salut le temps est comme suspendu - quelques secondes à peine - mais est symbolique du temps que l'on consacre à l'autre, de l'attention qu'on lui porte. Fait sans considération, bâclé avec une vague inclinaison du buste, nonchalamment, le salut ne vaut pas d'être réalisé, tout comme une poignée de mains qui ne serait pas franche et pendant laquelle votre interlocuteur ne vous regarderait pas...
La poignée de main, dont on fait remonter l'origine aux chevaliers du Moyen-Age et qui présentaient alors leur main droite (symbole de force) ouverte, c'est-à-dire sans épée, en signe de paix. Le salut militaire (main droite doigts tendus à la tempe) aurait aussi pour origine la volonté de montrer au loin sa main droite désarmée. Puis progressivement, alors que les chevaliers soulevaient la visière de leur heaume d'un geste de la main - pour se voir dans les yeux -, serait resté le simple fait de porter la main à la tempe.
A travers sa manière de saluer, on peut déjà déceler quelques unes des qualités (ou quelques uns des défauts) d'un(e) pratiquant(e).
N'oubliez pas, dans la pratique martiale, tout commence et se termine par le salut.